Les manifestations cliniques liées à des allergènes aéroportés sont de plus en plus fréquentes, probablement dues à une meilleure connaissance des allergènes responsables et des différents mécanismes impliqués. Ces manifestations peuvent atteindre différents organes : peau, appareil respiratoire par exemple, avec une intensité pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique. L’histoire que nous rapportons est d’origine alimentaire et correspond à l’apparition de manifestations gravissimes chez une jeune femme à la suite d’inhalation de particules allergéniques en suspension dans l’air. Il s’agit d’une institutrice âgée de 23 ans ayant présenté dans l’enfance un eczéma atopique lié à une allergie aux protéines lactées bovines. Un asthme allergique aux acariens s’est installé vers l’âge de 10 ans et un traitement suivi régulièrement a permis à cette adolescente de mener une vie normale. Un enfant né dans des conditions normales a été nourri au sein pendant 3 mois, -la jeune mère avait décidé de prendre du lait de vache pendant la période d’allaitement-. C’est au 3° biberon d’une formule lactée bovine que ce nourrisson a présenté une urticaire aiguë généralisée pour laquelle nous avons été consulté. La suppression du lait de vache et le retour à une alimentation sans protéines lactées bovines a été suivi d’une amélioration très rapide. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Cette jeune institutrice reprend ses activités après son congé de maternité. Elle est chargée au cours de l’année d’accompagner avec certaines de ses collègues des élèves visiter une ferme. La visite se termine par une laiterie moderne au cours de laquelle les élèves assistent à une démonstration de traite des vaches. Au bout d’une demi-heure, l’institutrice, présente des signes respiratoires qui s’aggravent très rapidement et deviennent inquiétants avec l’apparition d’une cyanose. Fort heureusement, elle transportait avec elle dans son sac un bétamimétique en inhalation et l’utilisation de ce produit à plusieurs reprises a permis d’éviter le pire en attendant l’arrivée rapide du SAMU, et l’hospitalisation en urgence dans un service de pneumologie où elle a bénéficié d’un traitement d’urgence associant oxygénothérapie, corticoïdes et béta 2. La patiente a quitté l’hôpital après une surveillance de 48 heures, une fois le retour à la normale des fonctions respiratoires Le bilan immuno allergologique pratiqué 3 semaines après l’accident a montré - des tests cutanés positifs aux acariens, au lait de vache 7mm. - les IgE spécifiques Immuno CAP : Caséine 50 KU/l, Alpha lactalbumine 5KU ,Béta lactalbumine :10KU/l. Commentaire Symptômes respiratoires par inhalation d’allergènes alimentaires (1) Les relations entre aliments et manifestations respiratoires sont nombreuses . Elles peuvent survenir dans deux conditions différentes : * lors de la manipulation de l’aliment ou par voie aéroportée (odeurs ou fumées de poisson ou fruits de mer ). * lors de son absorption. (cf tableau) Les crises d’asthme, accompagnées ou non de rhino conjonctivite sont bien connues après la manipulation de poisson frais ou, plus souvent, au moment de la cuisson, à l’ouverture de récipients contenant du beurre d’arachide, à la manipulation ou à l’épluchage de légumes ou de fruits (1). Parmi les nombreux cas décrits, on peut citer ,le cas d’un jeune berger qui avait une allergie au lait de vache ... et des crises d’asthme chaque fois qu’il trayait une brebis (2), ou les observations citées par Bahna (3) qui attirent l'attention sur des accidents sévères d'origine alimentaire par inhalation de particules allergéniques en suspension dans l'air ou par contact cutané: - bronchospasme sévère apparu dans un avion chez un sujet trés sensible à l'arachide , dés l'instant où des cacahuètes étaient servis aux passagers . Cette liste n’est pas limitative : la plupart des allergènes alimentaires volatiles, surtout d’origine végétale, peuvent provoquer des symptômes de rhinite et/ou d’asthme. Le lait de vache contient plus de 30 protéines, toutes potentiellement allergisantes. Les allergènes majeurs sont :des caséines entièresBos d8 , reconnues par 66 % des patients, présentant une APLV. Quatre protéines par quatre gènes différents (αs1 , αs2 , β, κ) ; chacun contenant de nombreux variants génétiques. Quatre-vingt- cinq pour cent des patients ayant des IgE spécifiques des caséines entières présentent une réponse IgE contre chacune des quatre caséines. Protéines peu modifiées par les traitements thermiques, mais sensibles aux protéases et aux exopeptidases. La caséine est l'allergène impliqué dans la majorité des allergies persistantes aux protéines lactées bovines (4) Traitement et prise en charge, Devant une forme très sévère d’asthme, appel du SAMU et utilisation de B2-agonistes en nébulisations avec association de corticostéroïdes et administration d’oxygène. Paul Molkhou 2010 Références 1.Molkhou P. Allergies alimentaires. Problèmes actuels et futurs .1995-1999 .Institut UCB de l'allergie .Section Française. 1,rue Diderot 92003 Nanterre . 2 .Vargiu A, Vargiu G, Locci F, Del Giacco S, Del Giacco GS . Hypersensitivity reactions from inhalation of milk proteins . Allergy 1994 :49 386-387. 3.Bahna S L. Exquisite food allergy without eating .Allergy 1994; 49:129-130 . 4- Molkhou P. Actualité sur l'allergie et l'intolérance aux protéines lactées .Journa l de pédiatrie et de puériculture (2006). Auteur : Farid MARMOUZ
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Mai 2018
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