La désensibilisation ou immunothérapie spécifique (I.T.S.) selon le consensus de l'O.M.S. est indiquée dans l'hypersensibilité IgE dépendante (conjonctivite, rhinite, asthme, …). Introduite dés 1911 par Noon et Freeman pour le traitement des pollinoses, consiste à administrer des doses croissantes d’allergène auquel le sujet est sensibilisé. L'objectif est d'induire une tolérance à l'allergène incriminé. On a longtemps tenté d’expliquer les effets de l’immunothérapie spécifique (I.T.S). sous-cutanée par la réduction de sécrétion des IgE et l’augmentation de celle des IgG (agissant alors comme anticorps bloquants). La corrélation entre le taux d'IgG et l'amélioration clinique n'a jamais été démontrée
L'I.T.S réduit nettement la concentration des médiateurs inflammatoires ( histamine, prostaglandine, leucotriènes, tryptases ) ainsi que la migration et l'activation des éosinophiles, basophiles, lymphocytes CD4 au niveau des organes cibles (œil, nez, peau …).
Les travaux les plus récents indiquent que le mécanisme prédominant résiderait dans une modification de la réponse des lymphocytes T dans le sang et l'organe cible. Celle-ci se traduit par une diminution de la synthèse des cytokines pro-inflammatoires (IL - 4, IL - 5 -IL - 6) par les lymphocytes Th2 au profit des lymphocytes Th1 à l'origine de cytokines régulatrices L’immunothérapie réduit l’inflammation allergique spécifique de l’allergène. C’est la réduction des cytokines lymphocytaires qui est l’explication actuelle de ces phénomènes.
Ainsi l'I.T.S. modifie favorablement le profil immunologique du patient en agissant à plusieurs niveaux de la réaction allergique.
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique
Est elle vraiment efficace?
Des études contrôlées en double insu ont montré son efficacité dans les rhinites et/ou conjonctivites allergiques aux pollens de graminées et autres pollens (arbres, composées), aux acariens de poussière de maison et également dans l’asthme. Cette immunothérapie spécifique (I.T.S.) est parfaitement efficace dans le traitement des allergies aux venins d’hyménoptères (abeille, frelon et guêpe) > 95% et plus récemment dans les allergies aux diptères (moustiques). L'I.T.S. est efficace lorsqu'elle est administrée de façon optimale : Allergène responsable bien identifié (mono sensibilisation), utilisation d'allergène standardisé, mise en route aussi précocement que possible mais seulement à partir de cinq ans chez l’enfant. Les dernières études font état d'une efficacité de l'I.T.S. par voie sublinguale comparable à celle de la voie sous cutanée , en particulier dans les rhinites et/ou conjonctivites polliniques ou allergiques aux acariens. L'I.T.S représente avec les mesures d'éviction allergénique le seul traitement étiologique des maladies allergiques. L'évaluation de l'efficacité de l'I.T.S. est essentiellement clinique basée sur la diminution de la symptomatologie et de la consommation médicamenteuse anti-H1 ou corticoïdes locaux (collyres) ou généraux. La désensibilisation aurait une action préventive contre de nouvelles sensibilisations et l'appariti on d'un asthme chez l'enfant. Le bénéfice thérapeutique est maintenu à long terme.
Réf : Rapport international de consensus sur le diagnostic et le traitement de la rhinite (A.R.I.A.) Rev. Fr. Allergol. 1995; 35 (2, suppl.) : 189 - 22
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique
Indications:
Pour être efficace, l'immunothérapie spécifique (I.T.S.) doit toujours être prescrite par un Allergologue après identification de l'allergène responsable. Elle ne saurait être proposée sur la seule foi d'examens biologiques. Les tests cutanés pratiqués par l 'Allergologue sont un préalable nécessaire. Ils peuvent être précédés par un test biologique multi allergénique et, éventuellement, complétés par des dosages d'IgE spécifiques et/ou un test de provocation conjonctival ou nasal. Elle est indiquée dans les pathologies allergiques IgE dépendantes : conjonctivite, rhinite, asthme, allergie aux venins d'hyménoptères et exige une corrélation pertinente entre la symptomatologie clinique et les résultats du bilan allergique. Le gène clinique doit être importante, nécessitant des traitements pharmacologiques pendant de longues périodes, surtout s'ils sont peut efficaces ou mal tolérés. Elle est conseillée : - si la gène clinique est importante - si la maladie allergique présente un risque d'aggravation, - si la pathologie perannuelle évolue depuis six mois à un an. - ou si la pollinose récidive depuis deux saisons consécutives. - si les mesures d'éviction allergénique sont inefficaces ou inapplicables - si le patient est bien informé et semble compliant. - de préférence après cinq ans et avant 50 ans, sauf cas particuliers.
Contre-indications relatives ° Grossesse : pendant la phase de progression du traitement ° Enfant âgé de moins de 5 ans Contre-indications générales ° Asthme sévère non contrôlé par le traitement pharmacologique (VEMS 70 % de la valeur prédite même après traitement pharmacologique). ° Traitement par B-bloquants même administrés par voie locale (collyre). ° Affections malignes. ° Déficits immunitaires sérieux. ° Patient non compliant.
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique
. La voie sous cutanée exige certaines conditions : - être réalisée sous surveillance médicale pendant 30 minutes , dans l’éventualité d’une réaction locale voire générale, exceptionnellement (Réactivation de la maladie traitée, asthme, urticaire, choc anaphylactique) -le praticien doit disposer d'une trousse d'urgence (voir encadré ci-dessous). Initiée par l'Allergologue , l'I.T.S. nécessite un suivi par ce dernier et/ ou par le médecin traitant qui surveille le patient 30 minutes après l'injection.
. La voie sublinguale est indiquée lorsque la pratique régulière d'injections apparaît contraignante ou mal tolérée et surtout chez l’enfant. Cette voie nécessite cependant un effort d'observance pour la prise d'extraits allergéniques, deux à trois fois par semaine, voire tous les jours, surtout au début. L'Allergologue remet un schéma de traitement au patient et fixe la date de consultations ultérieures de suivi. Elle est validée pour des allergènes standardisés tels qu’acariens, pollens de graminées, bouleau, olivier et pariétaire…. Des gouttes de ces extraits sont déposées le matin à jeun, sous la langue, par le patient qui les garde environ deux minutes avant de les avaler. Les effets secondaires locaux dans la très grande majorité (prurit et oedème buccal, douleurs gastro-intestinales, voire nausées) sont mille fois moins fréquents. Il est classique d'envisager un traitement de trois à cinq ans permettant d'atteindre une dose cumulée suffisante d'allergènes. La trousse médicale d'urgence obligatoire doit comprendre : Corticoïdes injectables Antihistaminiques injectables Adrénaline +/- Cathéters (pose de voie veineuse périphérique). Docteur Farid Marmouz 2010 Auteur : Farid MARMOUZ
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Avril 2017
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